Actéon ou le paradoxe du voyeur. Analyse intersémiotique du récit mythologique de Pierre Klossowski

Dans l’œuvre de Pierre Klossowski, le paradoxe de la présence/absence, du voir et être vu, est représenté pleinement dans Le Bain de Diane daté de 1956. L’ouvrage nous fournit les éléments pratiques et « figurés » des enjeux de l’acte de contempler et de ceux du donné à voir. Actéon, dans l’œuvre klossowskienne, ne voit plus par hasard les lèvres infernales de Diane (labra Dianae) comme le supposent Ovide et la tradition. La « perversion » des deux sujets protagonistes du mythe se joue bien sûr entièrement sur l’exhibitionnisme de Diane et le voyeurisme d’Actéon, mais Klossowski ici nous renverse l’axiome dans ses contraires pour nous témoigner le penchant « pervers » que ceux-ci incarnent. Chez l’auteur, la volonté perverse joue un rôle prépondérant dans l’usage du mythe, qui se fait prétexte d’une mythologie de l’exhibitionniste et de son voyeur. Un voir et être vu qui est et qui ne peut exister sans le regard de l’Autre, comme vision désirée. Un paradoxe du voyeur qui caractérise toute la production littéraire, picturale et cinématographique de Klossowski.