Cet article évoque les faits tragiques de Lampedusa du 3 octobre 20131,tout en comparant deux processus culturels contraires, mais liés, ayantcomme objectif implicite de mettre en évidence des tendances à l'oeuvredans la société contemporaine. Le premier processus, que nous appelleronsdématérialisant, implique des acteurs et des institutions sociales visant unedissimulation et une raréfaction des aspects matériels liés à la mort. Lesecond, que nous appellerons matérialisant, se fonde, lui, sur une reconnaissancede la mort, en des termes très concrets et, disons, corporels. Lesdeux processus mobilisent des ressources physiques et cognitives et sedéploient aussi bien sur le plan symbolique que réel.Pour les analyser, nous avons comparé la représentation des événementsde Lampedusa par les médias italiens avec les récits directs de ces mêmesfaits obtenus auprès d'une partie des habitants de l'île. En ce qui concerneles médias, nous avons décidé de procéder à une analyse qualitative detextes et d'images produits par les journaux télévisés émis durant sept jourspar les chaînes de télévision : Rai 3 (télévision publique), La 7 (télévisionprivée) et Sky (télévision privée numérique), et des articles publiés par lequotidien La Repubblica durant les vingt-huit jours qui ont suivi le naufrage.En ce qui concerne les habitants de Lampedusa, nous avons réalisésur place une trentaine d'entretiens non directifs, avec des témoins privilégiés(sauveteurs, enseignants, prêtres, plongeurs, pêcheurs, représentantsinstitutionnels).
Les morts de Lampedusa
NICOLOSI, GUIDO;
2015-01-01
Abstract
Cet article évoque les faits tragiques de Lampedusa du 3 octobre 20131,tout en comparant deux processus culturels contraires, mais liés, ayantcomme objectif implicite de mettre en évidence des tendances à l'oeuvredans la société contemporaine. Le premier processus, que nous appelleronsdématérialisant, implique des acteurs et des institutions sociales visant unedissimulation et une raréfaction des aspects matériels liés à la mort. Lesecond, que nous appellerons matérialisant, se fonde, lui, sur une reconnaissancede la mort, en des termes très concrets et, disons, corporels. Lesdeux processus mobilisent des ressources physiques et cognitives et sedéploient aussi bien sur le plan symbolique que réel.Pour les analyser, nous avons comparé la représentation des événementsde Lampedusa par les médias italiens avec les récits directs de ces mêmesfaits obtenus auprès d'une partie des habitants de l'île. En ce qui concerneles médias, nous avons décidé de procéder à une analyse qualitative detextes et d'images produits par les journaux télévisés émis durant sept jourspar les chaînes de télévision : Rai 3 (télévision publique), La 7 (télévisionprivée) et Sky (télévision privée numérique), et des articles publiés par lequotidien La Repubblica durant les vingt-huit jours qui ont suivi le naufrage.En ce qui concerne les habitants de Lampedusa, nous avons réalisésur place une trentaine d'entretiens non directifs, avec des témoins privilégiés(sauveteurs, enseignants, prêtres, plongeurs, pêcheurs, représentantsinstitutionnels).I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.