Lorsqu’on parle des rapports existants entre littérature et cinéma, on parle aussi de traduction intersémiotique1, c’est-à-dire du passage d’un système de signes à un autre, notamment de l’écriture à l’image2. Il peut ainsi arriver que cette traduction soit une “belle infidèle”, pour utiliser la métaphore classique de Gilles Ménage, si le metteur en scène décide de s’éloigner de la source littéraire d’où il a puisé l’histoire. Pourtant, il peut arriver aussi que certaines traductions soient – dirions-nous – des “fidèles indépendantes”, lorsqu’elles restent totalement honnêtes à la source initiale, tout en gardant un haut dégrée d’autonomie. C’est bien le cas, par exemple, du film Villa Amalia3 de Benoît Jacquot, adapté du roman4 de Pascal Quignard. Nous proposons alors de creuser les choix du metteur en scène français et les motivations les plus intimes qui les sous-tendent, puisque, comme Jean Cléder le souligne, “entre littérature et cinéma, […] les échanges ne se réduisent pas seulement à la question de l’adaptation”5. Nous concentrerons notre analyse tout d’abord sur les différences et les analogies au niveau de l’intrigue ; nous analyserons ensuite les pertes qui se vérifient dans le passage du roman au film ; pertes qui montrent comment les deux œuvres soient liées l’une à l’autre par le fil invisible qui constitue l’acte de lecture. En effet, quoique le film soit différent du roman sur le plan de l’histoire, les choix de Jacquot se révèlent être fidèles non seulement à la source, mais aussi à sa propre liberté artistique.
« “Filmer, c’est lire”. Villa Amalia, de Pascal Quignard à Benoît Jacquot »
LA ROCCA, CONCETTA MARIA
2015-01-01
Abstract
Lorsqu’on parle des rapports existants entre littérature et cinéma, on parle aussi de traduction intersémiotique1, c’est-à-dire du passage d’un système de signes à un autre, notamment de l’écriture à l’image2. Il peut ainsi arriver que cette traduction soit une “belle infidèle”, pour utiliser la métaphore classique de Gilles Ménage, si le metteur en scène décide de s’éloigner de la source littéraire d’où il a puisé l’histoire. Pourtant, il peut arriver aussi que certaines traductions soient – dirions-nous – des “fidèles indépendantes”, lorsqu’elles restent totalement honnêtes à la source initiale, tout en gardant un haut dégrée d’autonomie. C’est bien le cas, par exemple, du film Villa Amalia3 de Benoît Jacquot, adapté du roman4 de Pascal Quignard. Nous proposons alors de creuser les choix du metteur en scène français et les motivations les plus intimes qui les sous-tendent, puisque, comme Jean Cléder le souligne, “entre littérature et cinéma, […] les échanges ne se réduisent pas seulement à la question de l’adaptation”5. Nous concentrerons notre analyse tout d’abord sur les différences et les analogies au niveau de l’intrigue ; nous analyserons ensuite les pertes qui se vérifient dans le passage du roman au film ; pertes qui montrent comment les deux œuvres soient liées l’une à l’autre par le fil invisible qui constitue l’acte de lecture. En effet, quoique le film soit différent du roman sur le plan de l’histoire, les choix de Jacquot se révèlent être fidèles non seulement à la source, mais aussi à sa propre liberté artistique.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.