Dans cet ouvrage, à travers la réflexion critique des Lettres Provinciales, et en particulier des Lettres qui vont de la Ve à la XVIe, on propose de souligner l'importance et la centralité de l'éthique chrétienne, qui se fonde sur la grâce et sur la loi de l'amour de Dieu, et non pas sur la loi de la nature comme la morale jésuite. Une morale, cette dernière, païenne qui a besoin seulement de la nature pour être observée; une morale qui, en privant les hommes de l'amour de Dieu, détruit de l'intérieur la morale chrétienne et renie la «Loi du Seigneur, qui est sans tache et toute sainte». C’est justement à cette morale que Pascal oppose la vraie morale chrétienne, qui ne peut se passer de l'autorité de l'Écriture et des Pères, qui ne renie pas du tout l'omnipotence de la grâce divine et qui se fonde sur la Loi de l'amour. Or, le recours pascalien à l’Écriture sainte, aux Canons et aux Pères de l'Église pose le problème d'établir si l'éthique de Pascal est une éthique qui propose une nouvelle version du légalisme, ou si c’est une éthique qui, au-delà de son caractère normatif, en attribuant au cœur renouvelé par la charité une place privilégiée, réduit la morale à un système extérieur, privé d'obligations et d'évaluations qui expriment leur validité sous forme de lois générales. Mais, si obéir au commandement de Dieu, selon l'éthique moderne d'un Descartes, signifiait pour l'homme devenir hétéronome, subordonné à quelque chose d'étranger; pour Pascal, en revanche, l'homme ne trouve la réponse à ses doutes que dans le Christ et dans sa Loi. Seulement en Dieu l'homme comprend que la cause de sa misère réside dans l'égoïsme, dans le "moi", dans l'arrogance de sa raison; et il comprend que sa grandeur consiste à imiter le Christ et à suivre sa Loi. Pour cette raison, nous pouvons affirmer que l'éthique proposée par Pascal est une éthique chrétienne qui doit avoir comme centre le Christ et sa loi, la loi de l'amour. Deux lois sont suffisantes pour créer la "République chrétienne": aimer Dieu et aimer le prochain. C’est la morale qui anime les pages des Provinciales, ce chef-d'œuvre qui mérite d'être compté parmi les réalisations les plus significatives de la pensée moderne du XVIIe siècle.

L'éthique du coeur dans les "Lettres provinciales"

ROMEO, MARIA VITA
2008-01-01

Abstract

Dans cet ouvrage, à travers la réflexion critique des Lettres Provinciales, et en particulier des Lettres qui vont de la Ve à la XVIe, on propose de souligner l'importance et la centralité de l'éthique chrétienne, qui se fonde sur la grâce et sur la loi de l'amour de Dieu, et non pas sur la loi de la nature comme la morale jésuite. Une morale, cette dernière, païenne qui a besoin seulement de la nature pour être observée; une morale qui, en privant les hommes de l'amour de Dieu, détruit de l'intérieur la morale chrétienne et renie la «Loi du Seigneur, qui est sans tache et toute sainte». C’est justement à cette morale que Pascal oppose la vraie morale chrétienne, qui ne peut se passer de l'autorité de l'Écriture et des Pères, qui ne renie pas du tout l'omnipotence de la grâce divine et qui se fonde sur la Loi de l'amour. Or, le recours pascalien à l’Écriture sainte, aux Canons et aux Pères de l'Église pose le problème d'établir si l'éthique de Pascal est une éthique qui propose une nouvelle version du légalisme, ou si c’est une éthique qui, au-delà de son caractère normatif, en attribuant au cœur renouvelé par la charité une place privilégiée, réduit la morale à un système extérieur, privé d'obligations et d'évaluations qui expriment leur validité sous forme de lois générales. Mais, si obéir au commandement de Dieu, selon l'éthique moderne d'un Descartes, signifiait pour l'homme devenir hétéronome, subordonné à quelque chose d'étranger; pour Pascal, en revanche, l'homme ne trouve la réponse à ses doutes que dans le Christ et dans sa Loi. Seulement en Dieu l'homme comprend que la cause de sa misère réside dans l'égoïsme, dans le "moi", dans l'arrogance de sa raison; et il comprend que sa grandeur consiste à imiter le Christ et à suivre sa Loi. Pour cette raison, nous pouvons affirmer que l'éthique proposée par Pascal est une éthique chrétienne qui doit avoir comme centre le Christ et sa loi, la loi de l'amour. Deux lois sont suffisantes pour créer la "République chrétienne": aimer Dieu et aimer le prochain. C’est la morale qui anime les pages des Provinciales, ce chef-d'œuvre qui mérite d'être compté parmi les réalisations les plus significatives de la pensée moderne du XVIIe siècle.
2008
Ethique; Casuistique; Theologie
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